Rouge comme les lourds rideaux qui s’ouvrent sur une nouvelle comédie, une nouvelle tragédie, un nouveau simulacre de vie, comme ceux qui se ferment à la dernière révérence dans le brouhaha d’un public conquis et ébloui, qui retourne, dépité, à sa petite vie si ordinaire. Rouge comme les ongles de la caricature à forte poitrine, un peu trop douce avec les hommes, un peu trop méfiante avec son cœur. Rouge comme un nique ta mère sur une affiche du FN. Rouge comme l’étincelle qui embrasera le peuple. Rouge comme une plaie béante sur un corps gisant. Rouge comme un cri plein de larmes et de sang. D’un rouge vif qui palpite et s’embrase comme l’attente d’un baiser sur des lèvres qui frétillent. D’un rouge sombre et sanglant, morbide et sublime. D’un rouge vernis et brillant, trop voyant et trop kitch. D’un rouge british, bus à deux étages et cabines téléphoniques. D’un rouge terni par le temps comme les briques des rues de Toulouse. D’un rouge naissant à l’aurore au milieu de la danse des couleurs au réveil du soleil.

Blanc comme la page à écrire, à rêver, au début du carnet, avant le cri rouge et noir, avant la vie. Blanc comme un nuage damassé sur un joli ciel d’été. Blanc comme les blouses et les murs, comme les diagnostics stérilisés que l’on susurre en essayant d’être humain. Blanc comme l’écume d’une vague qui se fend contre la digue. Blanc comme la guêpière arrachée de la jeune mariée. Blanc comme un silence un peu trop long. Blanc comme la chemise trop raide du commercial stressé qui se veut homme d’affaires.

Rouge et Blanc, comme deux verres qui trinquent à cette vie ivre de toi, vide de sens. Et au PMU du coin, embrumés et enjoués. En quête d’une raison à nos vies, aux horizons de nos envies, à l'heure de la dernière tournée

Rouge ou Blanc ? Là est la question...